QUATRIÈME DE COUVERTURE :
Elena Michaels est un loup-garou et la seule femelle de son espèce. Voilà qui n'est déjà pas banal. Mais en plus. elle fait tout ce qu'elle peut pour être normale. Elle voudrait une vie ordinaire, sans ses désirs inhumains, sa sauvagerie, sa faim et ses instincts de chasseuse. Mais la Meute fait appel à elle, Enfreignant les lois du clan. des déviants menacent de dévoiler leur existence. Elena obtempère, car la loyauté du sang ne se discute pas. Et au cours de son combat. elle découvrira sa vraie nature...
MON SENTIMENT :
Le personnage principal, Elena, une louve-garou - la seule femelle de son espèce - mène la danse de la narration. Elle possède un tempérament bien trempé, déterminé, et parfois un peu trop têtu pour son bien.
Elle s’obstine à vouloir reproduire le modèle type de ce qu’est censée être la famille modèle, alors même qu’elle sait - d’expériences malheureuses - que la réalité est bien loin du stéréotype idéal conté dans les histoires destinées à endormir la curiosité des crédules qui auraient l’idée saugrenue de s’écarter du droit chemin, et donc du moule pour lequel on les prédestine. Mais cette quête de la vie parfaite, que l’on trouve étalée en doubles pages de papier brillant, dans les magazines à la moralité suspecte, lui sert juste d’excuse pour ne pas avoir à affronter la réalité et pardonner le préjudice, la peine et la douleur qu’une certaine personne lui a infligés dans le passé, non par méchanceté, mais par panique.
Elena veut être maîtresse de sa vie et est persuadée que s’opposer à la Meute est le seul moyen d’y parvenir. « Comme tu ne peux pas résister, on ne peut pas s’attendre à ce que tu m’en empêches. Ça échappe à ton contrôle. » J’ai trouvé cette phrase très représentative de notre louve-garou. Elle se bat parfois contre son bien pour le simple fait qu’il est préférable de lutter tant qu’on le peut, par pur instinct, par bravade ou par colère, plutôt que d’accepter une quelconque contrainte extérieure, même bien intentionnée.
La majorité des protagonistes sont des mâles, pas n’importe quels mâles me direz vous, certes, mais c’est en général une dominance qui ne me convient guère, préférant souvent le caractère et les réflexions de la gent féminine. Mais Elena est une telle représentation de la femme comme je les aime, avec cette fougue rageuse, cette indépendance effrontée et ce répondant mordant dans lequel elle excelle, qu’elle arrive à contrebalancer merveilleusement cette disparité.
Les rares scènes charnelles sont très passionnelles. Elena lutte entre la raison et la passion, cherchant inconsciemment à se soustraire au bonheur pour le simple fait que pardonner serait bien trop facile à ses yeux.
Les passages où les protagonistes sont sous forme de loups sont mémorables. Les descriptions et le comportement de meute sont très réalistes, entraînants et captivants. L’immersion dans ce décor est totale et il est aisé de s’imaginer courir auprès d’eux en donnant du croc par jeu.
Le style de l’auteure, rapide et fluide, confit à l’ambiance générale une certaine oppression. Les évènements parfois sombres laissent un arrière-goût amer alors que le malaise s’insinue dans les esprits, même si je pense que les passages les plus révoltants pour moi ne sont pas forcements ceux des autres, et vice versa…
Sinon, j’ai bien aimé, et pas mal ri, sur certaines réflexions d’Elena sur notre société, ces petits détails auxquels personne ne pense, mais qui en révèlent beaucoup sur notre déchéance.
C’est un bouquin coup de cœur que j’ai dévoré avec délectation, incapable, le soir venu, de quitter Elena et ses compagnons, malgré des nuits bien avancées et un sommeil fort négligé.
Claytone Carpe
CITATION :
« — Pas la peine de reculer comme ça, Elena. Ça ne va pas te mordre. Prends cette aiguille et mets-toi au travail. N’y réfléchis pas trop. Essaie simplement de faire une ligne à peu près droite.
— Facile à dire, mais tu n’as jamais vu mes travaux de couture.
— Non, mais j’ai eu le privilège de tester tes coupes de cheveux. Comme je le disais, essaie de faire une ligne droite.
— Je t’ai toujours coupé les cheveux droits.
— Si je penche la tête selon un certain angle, ils sont coupés parfaitement droit. »
Morsure
Tome 1 de Femmes de l'Autremonde
Kelley Armstrong
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